Intégrer les achats inclusifs dans sa stratégie

Les achats inclusifs désignent le fait de passer commande auprès de fournisseurs inclusifs : des structures de l’insertion par l’activité économique (SIAE) ou du secteur du travail protégé et adapté (STPA).

Autrement dit, l’achat inclusif, c’est le fait de favoriser l’inclusion professionnelle grâce à sa politique achats, que l’on soit acheteur d’une entreprise privée ou d’une organisation publique.

Afin de bien structurer la démarche, il est primordial de comprendre l’existant, le niveau de maturité de l’organisation et de la fonction Achat sur le sujet.

Réaliser un état des lieux vise donc à établir la nature de vos achats, mais pas seulement.

Voici les grands axes à explorer :

• Analyser les dépenses achats le plus finement possible : cartographie des familles, segments achats, montant, typologie de fournisseurs (taille, localisation, ESS, inclusif ou non), services prescripteurs, typologie de commandes (ouverte, ponctuelle, accord cadre), lieu d’exécution ou livraison.
• Identifier les achats déjà réalisés auprès de fournisseurs inclusifs (SIAE, STPA) : si cela est possible, distinguer les montants et nombre de dossiers passés aux SIAE et auprès du STPA.
• Expliciter les outils et processus : pour identifier les acteurs de l’achat en interne, les décisionnaires et leurs outils (base de données fournisseurs, ERP, etc.).
• Évaluer la maturité interne en terme d'inclusion : quelle place occupe l’inclusion dans la stratégie globale de l’organisation et dans la stratégie achats ? Quelles compétences ou expertises sont déjà mobilisables en interne sur le sujet de l’inclusion ?
• Observer votre environnement externe : obligations réglementaires, exigences clients, ce que font vos concurrents sur le sujet, etc.

Ce benchmark, croisé avec l’état des lieux interne, garantit la pertinence des objectifs.

Qui dit objectifs, dit indicateurs et pilotage. Comment les fixer ?

Fixer des objectifs clairs, mesurables et partagés est essentiel pour embarquer vos équipes et piloter les progrès.

Grâce à l’étape précédente, vous savez d’où vous partez. Votre démarche d’achats inclusifs vise à progresser et aller plus loin. A quel point ? Ce sont vos enjeux - clients, réglementaires - et votre volonté, qui dicteront où placer la barre.

Quelques repères utiles :

• Des objectifs pilotables par les achats : un indicateur d’impact comme le nombre d’emplois créés (nombre d’ETP) est intéressant, mais est-il facilement pilotable par les achats ? Mieux vaut dans un premier temps piloter une donnée achat accessible, comme par exemple le volume d’achats inclusifs en euro.
• Une échéance et un horizon temporel clair : fixer des paliers court, moyen et long terme, pour garder la motivation et mesurer la progression facilement.
• Une personne référente pour chaque grand objectif.
• Une transparence sur le périmètre achats couvert, précis sur la proportion et la temporalité de l’objectif
• Des cibles par segment achats et par entité

Pour inscrire la démarche d’achats inclusifs dans la durée, il faut lui donner un cadre.

• Partager la vision en interne et en externe, s’engager :

Rédiger une politique achats inclusifs est une bonne idée pour engager au plus haut niveau la gouvernance. L’achat inclusif peut aussi être abordé dans une politique achats responsables plus générale. Les intentions et objectifs doivent être explicités et partagés avec les parties prenantes externes et internes. Communiquer sa politique d’achats inclusifs est une occasion de réunir et d’échanger avec les structures du SIAE et STPA.

• Développer une boîte à outils de l’achat inclusif :

Une fois l’engagement officialisé, outiller les acteurs est un incontournable. On parle des acheteurs, mais aussi des prescripteurs en interne, et selon les ressources et enjeux, proposer des outils et formation aussi à vos fournisseurs inclusifs. C’est un effort conséquent au départ, mais qui en vaut la peine pour faciliter la vie des équipes achats et garantir la pérennité et le succès de votre démarche.

*Cette étape peut être mise en œuvre en parallèle des précédentes, ou même en amont, car elle peut aider à fixer des objectifs pertinents et cibler les outils à déployer en priorité.

La gouvernance est engagée, les objectifs clarifiés, les outils opérationnels construits : il est temps de déployer de manière opérationnelle.

Le déploiement peut être progressif : mieux vaut commencer là où le potentiel inclusif est le plus fort, c’est-à-dire les segments achats les plus porteurs. A savoir : les secteurs d’activité qui recensent le plus de structures de l’inclusion, où l’offre est la plus mature localement, les dossiers prochainement renouvelés et à fort taux de main d’œuvre, etc.

Votre cartographie achats sera ici précieuse : elle révèle les segments achats les plus pertinents, sur lesquels agir en priorité.

Le Marché de l’inclusion a développé une méthode d’analyse qui croise vos données achats (segments, montant, zone géographique) et l’annuaire des structures de l’inclusion, afin d’identifier le potentiel inclusif de chaque projet.

Cette approche vous aide à concentrer vos efforts sur les dossiers les plus porteurs et les plus appropriés à l’inclusion.

Le pilotage d’indicateurs est la clé de la réussite de votre stratégie d’achats inclusifs.

Mesurer, analyser, ajuster : c’est ainsi que votre démarche progresse et s’ancre durablement.

Les indicateurs de suivi permettent de :

• Rendre compte auprès des parties prenantes internes (direction, acheteurs, prescripteurs)
• Alimenter vos reporting RSE auprès des parties prenants externes (fournisseurs, écosystème de l’’inclusion, financiers, clients).
• Répondre aux analyses extra-financières demandées par vos clients ou financeurs
• Améliorer vos score ESG.

Ils traduisent concrètement la progression de votre politique achats et renforcent la légitimité de votre engagement.

Quelque soit les indicateurs retenus, un certain nombre de bonnes pratiques peuvent être mises en place pour les piloter efficacement :

• Réaliser un suivi régulier (mensuel, trimestriel) pour suivre l’évolution des indicateurs d’une période à l’autre.
• Animer des revues périodiques (trimestrielles, annuelles) pour partager les retours d’expérience, les bonnes pratiques, et ainsi progresser collectivement,.
• Ajuster les objectifs ou priorités en fonction des résultats observés.
• Mettre en place un tableau de bord, comme celui développé par Le Marché de l’inclusion, pour visualiser vos indicateurs d’impact et suivre l’évolution de votre démarche dans le temps.